Propos pour un Perdir loin de chez lui après les mutations

Être où ne pas être ? C’est la question   (Chasseneuil S/S Bonnieure 2006)

Oui, vous avez bien lu, il y a un accent sur le U de Où … Quel pronom tout relatif que celui que je dois faire vivre avant mercredi, fermeture du serveur du ministère, pour les mutations. Fi de la conjonction qui aurait dû coordonner ma vie, si le choix au départ de mon arrivée en cette académie c’était fait comme il devait se faire : être au sud ou ne pas y être … tout aurait dû dépendre de règles qui sont celles de l’offre et de la demande, de la chance et du droit à rapprocher les conjoints, fussent-ils de même sexe bientôt.

Mais les odeurs, les fragrances transportées par les vents des estuaires ont créées de ces carrefours dont il faut savoir prendre la bonne direction. Mais que sont les bonnes directions ? Ce sont celles que l’on prend en alliant coup de cœur et réflexion, côté gauche et côté tête … le coup de cœur fonctionnant comme un coup de tête et la tête renvoyant à la réflexion.

Tiraillé entre un passé sud et un avenir nord, avant la fermeture du serveur, « où être et ne pas y être » ? telle est ma question en ce dimanche où j’aime à vous retrouver, pour mieux me trouver moi-même.

www et autre http vers le MENR, personnels de direction, carrière et mutation. Ouverture de la page, moulinage et sablier d’attente, un numen à entrer, un mot de passe dans sa tête pris du fond du cœur, une carte de France, des postes susceptibles d’être où ils sont. La flèche de la souris qui prend sous une main de réflexion la direction d’une académie froide dit-on, où (encore ce pronom qui m’accompagne ce soir, coordonnant envie et choix, pronom absolu et non relatif, que de paradoxe encore) la mer bouge près d’un plat pays qui n’est pas le mien. 78 postes pas susceptibles d’humeur mais de vacances pour y travailler se déroulent, avec ou sans logement, de F5 à F0 … noms de villes et de villages qui tranchent avec ceux que j’aurais dû un jour retrouver, loin des « Farigoules, Daudet, Garrigue et autres Cathares », peuplés de « Salengro, Anne Franck et autre Chauchoy ».

Curieuse vie que celle qui vous mène la « où » vous ne pensiez pas être… Difficile vie que celle qui, alors que vous pensiez aller jusqu’au bout d’une voie tracée par des serments à la validité en fait fragile vous mène près d’une autre mer, d’autres rivages … Le goût du sel y est le même, le bruit des vagues, les cris des mouettes et des sternes sont les mêmes.

Mercredi soir fermeture du serveur. Serveur comme service, le rendra-t-il ? Attente encore, temps à passer égoïstement, en ne pensant qu’à son propre départ, en réservant sa joie pour soi-même et en gardant les mots de tristesse plus ou moins réelle ou feinte pour celles et ceux qui resteront. Attente que je compte à coups de savonnettes usagées, de brosses à dents que je collectionne, de flacons « d’Habit Rouge » balisant les trimestres qui se succèdent avec leurs odeurs de classes et de rentrées. Le temps paraît d’autant plus court dit-on, que l’on a à son actif beaucoup d’années d’avoir vécu. Mais plus on en vit et moins elles se comptent à vivre et plus ce temps paraît long, plus les savonnettes sont longues à laver les impatiences, les brosses à faire prendre une haleine de sprinter.

« Etre là où on veut être » ça se conjugue avec patience, attente, espoir, temps …

Bon dimanche les courageuses et les courageux que j’aime à mêler à mes fins de travaux dominicaux. Aimé me disait hier soir : « toi, tu n’aimes pas la solitude … ». C’est une façon de regarder, mais voir c’est plus difficile et profond. Je suis sûr que se sont dans les mots que l’ont dit aux autres que l’on trouve les siens, le sens se trouve dans ce que l’on prend aux autres. Merci donc …

Moi